Bonjour chers lecteurs et lectrices.
Ma grand-mère avait
habitude de dire : « Mou wo Nou Deo » (ça ne fait rien)
Quand elle était en vie, nous ne prenions pas vraiment ses mots
au sérieux. Après qu’elle est morte,
nous avons saisi la force de ses mots. C’est ceux qu’on aime le plus qui nous
font plus de mal.
Arrivé à oublier le
mal qu’on nous a fait, dire : « ça ne fait rien » et aller de
l’avant c’est vraiment un acte hors du
commun. C’est le grand héritage que ma grand-mère nous a laissé et je nous le souhaite à tous, ne point garder rancune
envers nos proches et aller de l’avant.
Recevez la suite…
Je pris bien évidemment peur. Tout ce que je pus est de me
mettre à réciter le « Je vous salue marie »
Il était là le prestataire, debout sur ce qu’il en restait
de notre feu.
Si je ne le connaissais pas en tant que prestataire,
j’aurais dit que c’était un enfant perdu.
Pendant quelques minutes, il ne bougea pas et ne dit mot.
Son mutisme rendait l’atmosphère plus qu’invivable, c’était loin de ce que je
vivais avec Guy, j’avais de la peine à respirer. Néanmoins, je continuai ma
prière. Que pouvais-je faire d’autre ?
Peu après, Guillaume se leva
Guillaume : Togbé Mié DO gbé Lo… (Grand père, nous vous
saluons)…Que comptez-vous faire de nous ? Du moins de Karo et son
amie ?
Suite à cette question de Guillaume, le prestataire prit
enfin la parole
Le prestataire : (il prit une grande inspiration, un
peu comme une personne bien désolé de ce qui se passait)…Dans notre lignée,
nous sommes toujours choisis parmi les jumeaux. Nous sommes communément appelés
les Venavi Noukpekpe et nous nous révélons toujours à une personne de la
famille de laquelle nous sortirons. C’est ainsi que j’ai du me révéler à ton
grand père. Je ne sais le pourquoi, mais il l’a mal pris et à quitter le
village. En quittant, il est parti avec votre père qui devait mettre au monde
plus tard des jumeaux, desquels sortirait mon successeur.
A cause de votre grand père, j’ai du entamer ton mandat.
Oui ! Entre ton frère et toi, c’est toi le Venavi Noukpekpe.
Pire, votre père à renier nos traditions et par la même
occasion à refuser de vous faire les cérémonies réservés aux enfants jumeaux.
Ils m’ont privé de mon successeur et donc de ma retraite. Je
ne peux donc retourner me reposer auprès des dieux.
Il faut le dire, tout ceci est de la faute de votre grand
père. Du reste, tout ce qui vous ait arrivé n’a été causé que par les dieux et
par Azévi, entrainant cette innocente fille.
Guillaume : Que faire maintenant ?
Le prestataire : Ne me pose pas des questions
auxquelles tu as déjà réponse. Ce qui est fait est fait. Tu es mort, moi je me
retrouve sans successeur. Ton frère, ne peux faire ta mission. Tu dois
retourner aux royaumes des morts et ton frère à Azévi.
Karolina : (Avec tatonnement) Quand est –il de
moi ?
Le prestataire : Désolé ma fille, mais tu devras effacer
le crime commis par leur grand père, il me faut un successeur !
Tu vas donc retourner dans le monde réel, me laisser
terminer la cérémonie. Ne viens plus m’en empêche et suis jusqu’ à terme la
cérémonie de veuvage.
Karolina : Et après ?
Le prestataire : Après, rentre chez toi. Mais une
chose, très importante… Quand les jumeaux viendront au monde, ramène-les au
village pour les consacrer. Azévi choisira parmi eux, son prestataire, son
Azévi Noukpekpe.
Karolina : Quand est –il de mon amie ?
Le prestataire : Ne me dérange plus avec tes prières
durant la cérémonie, sinon elle en
payera le prix.
*Je le vis s’éloigner peu après avec Guillaume, puis
l’instant d’après, je me réveillai dans la pièce noire…
Est-ce que je venais de rêver deux fois ?
Je n’en savais rien, mais une chose était sûr, je n’avais
plus la force de bouger ou de faire quoi que ce soit.
*Alors je me mis donc à réciter le chapelet…Là, j’entendis
dans ma tête les mots du prestataire : « Ne me déranges plus avec
tes prières durant la cérémonie, sinon elle en payera le prix. »
Suite à l’écoute de cette voix, je me mis à crier le nom de
Tina. Celle-ci rentra aussitôt dans la pièce.
-Tina : Oui ! Karo, je suis là.
-Karo : Tu n’as rien, Dieu merci. Tina, ils vont tuer
Guy
-Tina : Oui, Karo…Vraiment désolé mais c’est pour ton
bien
*J’étais soulagée de revoir Tina saine et sauve, mais
j’avais le cœur brisé. J’allais perdre mon Guy à cause d’une erreur de leur grand père, à cause d’une tradition de fou
et je n’y pouvais rien, ils avaient gagné.
Je me remémorai toute l’histoire depuis le début, des larmes
coulèrent le long de mon visage et ceci en abondance. Je devais me faire à l’idée
que j’avais perdu mon Guy.
C’était un amour, toujours aux petits soins, il savait tout
ce dont j’avais besoin. Il n’était pas complexé du fait qu’au boulot hiérarchiquement,
je lui étais supérieure. Il s’en foutait en fait.
Avec lui, je ne manquais de rien, j’étais une femme comblée
dans tous les sens du terme.
Avec lui, tout était d’une simplicité surprenante. Son
charme et tout ce qu’il y a autour venait de sa simplicité.
Il a su me faire rêver,
Il a su me rendre meilleure,
Il a su m’enlever de cette vie monotone que je m’étais
construite depuis mon arrivée au Togo.
Sans mentir, il était ce qui m’ait arrivé de mieux et de
pire dans la vie.
Des défauts, Guy en avait mais c’est ce qui le rendait
meilleur. Il m’interdisait de ranger ses affaires (rire) C’était le roi du
désordre, il disait souvent : « Il y a de l’ordre dans mon désordre
alors ne pas arranger ».Il avait raison parce que les fois où j’arrangeais
ses affaires, il avait plus de mal à se retrouver. Il ne pouvait s’empêcher de
flatter une fille, même quand j’étais à coté, pour se défendre il disait :
« Je ne peux m’empêcher de faire sourire une fille, c’est plus fort que
moi…mais …mais je ne peux vivre sans toi miss Karolina et s’il le fallait, je
mourais pour toi » Quand il me disait cela je souriais en même temps je
lui reprochais le fait qu’il parlait de la mort.
Aujourd’hui, je vois
bien que ce n’étais pas des paroles en l’air, il était sincère.
Oh Guy ! Mon Guy à moi toute seule,
Qui va me faire rire ?
Qui va me faire pleurer ?
Qui va me faire mourir de jalousie ?
Qui va me rendre folle ?
Que va-t-elle être ma
vie sans toi ?
Que vais-je faire toute seule ?
Oh Guy ! Mon Guy à moi toute seule, je t’aime
**Bien évidemment Tina n’avait pas connaissance de l’évasion
dans la forêt et tout le reste.
Je suivis la cérémonie de veuvage, puis je quittai le village
avec Tina. J’avais suivi une cérémonie de veuvage alors que je n’étais pas
mariée à Guy.
Julia : Pourquoi, maman de retour dans la ville tu ne
t’es pas plaint devant les autorités ?
Karolina : (RIRE), allaient-ils me croire ?
Ma fille, c’est une horrible histoire que j’ai vécu. C’est
pourquoi l’idée que tu ailles vivre là-bas me fait peur…
A suivre
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