mardi 10 mai 2016

Révélation ( part V )

Bonjour chers lecteurs et lectrices.
Ma grand-mère  avait habitude de dire : «  Mou wo Nou Deo » (ça ne fait rien)
Quand elle était en vie, nous ne prenions pas vraiment ses mots au sérieux. Après  qu’elle est morte, nous avons saisi la force de ses mots. C’est ceux qu’on aime le plus qui nous font plus de mal.
Arrivé à oublier  le mal qu’on nous a fait, dire : «  ça ne fait rien » et aller de l’avant c’est vraiment  un acte hors du commun. C’est le grand héritage que ma grand-mère nous a laissé et  je nous le  souhaite à tous, ne point garder rancune envers nos proches et aller de l’avant.
 Recevez la suite…


Je pris bien évidemment peur. Tout ce que je pus est de me mettre à réciter le « Je vous salue marie »
Il était là le prestataire, debout sur ce qu’il en restait de notre feu.
Si je ne le connaissais pas en tant que prestataire, j’aurais dit que c’était un enfant perdu.
Pendant quelques minutes, il ne bougea pas et ne dit mot. Son mutisme rendait l’atmosphère plus qu’invivable, c’était loin de ce que je vivais avec Guy, j’avais de la peine à respirer. Néanmoins, je continuai ma prière. Que pouvais-je faire d’autre ?   
Peu après, Guillaume se leva
Guillaume : Togbé Mié DO gbé Lo… (Grand père, nous vous saluons)…Que comptez-vous faire de nous ? Du moins de Karo et son amie ?
Suite à cette question de Guillaume, le prestataire prit enfin la parole
Le prestataire : (il prit une grande inspiration, un peu comme une personne bien désolé de ce qui se passait)…Dans notre lignée, nous sommes toujours choisis parmi les jumeaux. Nous sommes communément appelés les Venavi Noukpekpe et nous nous révélons toujours à une personne de la famille de laquelle nous sortirons. C’est ainsi que j’ai du me révéler à ton grand père. Je ne sais le pourquoi, mais il l’a mal pris et à quitter le village. En quittant, il est parti avec votre père qui devait mettre au monde plus tard des jumeaux, desquels sortirait mon successeur.
A cause de votre grand père, j’ai du entamer ton mandat. Oui ! Entre ton frère et toi, c’est toi le Venavi Noukpekpe.
Pire, votre père à renier nos traditions et par la même occasion à refuser de vous faire les cérémonies réservés aux enfants jumeaux.
Ils m’ont privé de mon successeur et donc de ma retraite. Je ne peux donc retourner me reposer auprès des dieux.
Il faut le dire, tout ceci est de la faute de votre grand père. Du reste, tout ce qui vous ait arrivé n’a été causé que par les dieux et par Azévi, entrainant cette innocente fille.
Guillaume : Que faire maintenant ?
Le prestataire : Ne me pose pas des questions auxquelles tu as déjà réponse. Ce qui est fait est fait. Tu es mort, moi je me retrouve sans successeur. Ton frère, ne peux faire ta mission. Tu dois retourner aux royaumes des morts et ton frère à Azévi. 
Karolina : (Avec tatonnement) Quand est –il de moi ?
Le prestataire : Désolé ma fille, mais tu devras effacer le crime commis par leur grand père, il me faut un successeur !
Tu vas donc retourner dans le monde réel, me laisser terminer la cérémonie. Ne viens plus m’en empêche et suis jusqu’ à terme la cérémonie de veuvage.
Karolina : Et après ?
Le prestataire : Après, rentre chez toi. Mais une chose, très importante… Quand les jumeaux viendront au monde, ramène-les au village pour les consacrer. Azévi choisira parmi eux, son prestataire, son Azévi Noukpekpe.
Karolina : Quand est –il de mon amie ?
Le prestataire : Ne me dérange plus avec tes prières durant la cérémonie, sinon  elle en payera le prix.
*Je le vis s’éloigner peu après avec Guillaume, puis l’instant d’après, je me réveillai dans la pièce noire…
Est-ce que je venais de rêver deux fois ?    
Je n’en savais rien, mais une chose était sûr, je n’avais plus la force de bouger ou de faire quoi que ce soit.
*Alors je me mis donc à réciter le chapelet…Là, j’entendis dans ma tête les mots du prestataire : «  Ne me déranges plus avec tes prières durant la cérémonie, sinon elle en payera le prix. »  
Suite à l’écoute de cette voix, je me mis à crier le nom de Tina. Celle-ci rentra aussitôt dans la pièce.
-Tina : Oui ! Karo, je suis là.
-Karo : Tu n’as rien, Dieu merci. Tina, ils vont tuer Guy
-Tina : Oui, Karo…Vraiment désolé mais c’est pour ton bien
*J’étais soulagée de revoir Tina saine et sauve, mais j’avais le cœur brisé. J’allais perdre mon Guy à cause d’une erreur de  leur grand père, à cause d’une tradition de fou et je n’y pouvais rien, ils avaient gagné.
Je  me remémorai  toute l’histoire depuis le début, des larmes coulèrent le long de mon visage et ceci en abondance. Je devais me faire à l’idée que j’avais perdu mon Guy.
C’était un amour, toujours aux petits soins, il savait tout ce dont j’avais besoin. Il n’était pas complexé du fait qu’au boulot hiérarchiquement, je lui étais supérieure. Il s’en foutait en fait.
Avec lui, je ne manquais de rien, j’étais une femme comblée dans tous les sens du terme.
Avec lui, tout était d’une simplicité surprenante. Son charme et tout ce qu’il y a autour venait de sa simplicité.
Il a su me faire rêver,
Il a su me rendre meilleure,
Il a su m’enlever de cette vie monotone que je m’étais construite depuis mon arrivée au Togo.
Sans mentir, il était ce qui m’ait arrivé de mieux et de pire dans la vie.
Des défauts, Guy en avait mais c’est ce qui le rendait meilleur. Il m’interdisait de ranger ses affaires (rire) C’était le roi du désordre, il disait souvent : « Il y a de l’ordre dans mon désordre alors ne pas arranger ».Il avait raison parce que les fois où j’arrangeais ses affaires, il avait plus de mal à se retrouver. Il ne pouvait s’empêcher de flatter une fille, même quand j’étais à coté, pour se défendre il disait : «  Je ne peux m’empêcher de faire sourire une fille, c’est plus fort que moi…mais …mais je ne peux vivre sans toi miss Karolina et s’il le fallait, je mourais pour toi » Quand il me disait cela je souriais en même temps je lui reprochais le fait qu’il parlait de la mort.
 Aujourd’hui, je vois bien que ce n’étais pas des paroles en l’air, il était sincère.
Oh Guy ! Mon Guy à moi toute seule,
Qui va me faire rire ?
Qui va me faire pleurer ?
Qui va me faire mourir de jalousie ?
Qui va me rendre folle ?
 Que va-t-elle être ma vie sans toi ?
Que vais-je faire toute seule ?
Oh Guy ! Mon Guy à moi toute seule, je t’aime
**Bien évidemment Tina n’avait pas connaissance de l’évasion dans la forêt et tout le reste.
Je suivis la cérémonie de veuvage, puis je quittai le village avec Tina. J’avais suivi une cérémonie de veuvage alors que je n’étais pas mariée à Guy.

Julia : Pourquoi, maman de retour dans la ville tu ne t’es pas plaint devant les autorités ?
Karolina : (RIRE), allaient-ils me croire ?
Ma fille, c’est une horrible histoire que j’ai vécu. C’est pourquoi l’idée que tu ailles vivre là-bas me fait peur…
                                                    A suivre


                                                     

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